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L'art pour s'entraider
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18 mars 2019

Iterview d'une artiste sculpteuse

Mon objectif étant de constater s’il existe de la solidarité chez les artistes, j’ai eu l’occasion d’interviewer une artiste sculpteuse plasticienne travaillant à la tuilerie Bossy, lieu solidaire située à Gardanne.
Myriam Rétif pratique la technique ancienne du Raku. Ayant appris au sein d’un centre socio-culturel, celle-ci a effectué de nombreux ateliers (théâtre, vidéo, spectacles de rue, rencontres interculturelles…).



« De chacune de mes œuvres émane une émotion singulière, unique, surprenante. »

- Pouvez-vous présenter en quelque mot la tuilerie et son histoire ?

Je suis arrivée à la tuilerie alors que c’était encore à l’abandon. Cette ancienne tuilerie est aujourd’hui  l’héritage familial de Daniel Bossy (5ème génération). Avec plusieurs artistes comme Sandrine Baillon, une céramiste, nous avons eu l’idée de refaire revivre la tuilerie tout en gardant l’âme du travail de la terre et de monter une association pour promouvoir les métiers d’art. Petit à petit, la restauration a été faite et chaque personne s’est installée dans un atelier indépendant. On a aujourd’hui une grande variété d’arts différents : un horloger (meilleur ouvrier de France), un luthier, un ferronnier… On est en tout 15 à ce jour.

Nous réalisons l’objectif de promouvoir en effectuant 3 manifestations d’art par an et 3 portes ouvertes.

- Comment en êtes-vous arrivée à faire un métier artistique à la tuilerie ?

En ce qui me concerne, pour en arriver là, j’ai effectué des études en art plastique. Je fus responsable d’un centre socioculturel dont j’étais la directrice, où je mettais en place des activités pour les enfants et les adultes. Par la suite, je me suis mise à la sculpture et j’ai pris des cours pour apprendre d’autres techniques comme l’émaillage.

Mon côté solidaire c’est que je suis bénévole 1 fois par semaine dans l’hôpital de jour de la maison des soins palliatif de Gardanne où sont misent en place des ateliers artistiques (écriture, lecture, peinture…). Je trouve très intéressant pour les personnesmalades de toucher la matière.
J’effectue également du bénévolat dans « la villa » de l’hôpital. Là bas, les patients sont dans un cadre idéal : pas de blouse pour les infirmier(e)s et médecins, cheminées, pianos…. C’est comme s’ils étaient chez eux. C’est touchant. On arrive à faire des choses vraiment intéressantes, même si certains n’ont jamais touché à l’art. 

- Pouvez-vous m’expliquer l’art que vous pratiquez.

J’utilise du grès. Je le modèle selon mon imagination qui varie souvent. En ce moment je modèle des animaux, mais en temps normal ce sont des personnages que je réalise. J’évolue dans mes œuvres, je rajoute du fil de fer, du tissu pour contraster avec la rigidité de la terre.
Le « Raku » est une pratique artistique asiatique du 16ème siècle découverte par hasard. Elle consiste à laisser sécher 3 semaines la pièce, la cuire une première fois pour effectuer l’émaillage puis une seconde fois à 900°C pendant 2 heures. Il faut ensuite sortir la pièce du four et la mettre dans su papier journal et de sciure de bois. Cela engendre une combustion qui crée des craquellements où l’oxyde de carbone s’infiltre, faisant apparaître des fissures noires.C’est le hasard qui va faire que ma pièce est réussie ou non. D’ailleurs il y’a rarement de la déception car cet art apprend à être surpris et à accepter la pièce comme elle est et non pas comme on a envie qu’elle soi. C’est une sorte de philosophie.



- Quels a
vantages/inconvénients voyer vous dans la pratique de l’art ?

Je donnes des cours de découverte de l’art à des personnes qui n’en font pas leurs métiers, pour leurs communiquer les bienfaits zen de la pratique artistique. Je trouve que c’est un aspect important de l’art, partager avec les autres. Je fais venir aussi dans mon atelier des étudiants de l’école des arts de Gardanne pour leurs donner l’occasion de faire quelques croquis de mouvement pendant que je travail.

Il y a 4 ans nous avons aussi collaboré avec le lycée agricole de Valabre. Nous avons, avec des élèves, créé un sentier de Land-art parsemé de plusieurs ouvrages.

Quelque fois, les pièces sur lesquelles j’ai passé plusieurs jours finissent, à force de la travailler, par ne plus remplir les critères de beauté des acheteurs. Donc parfois, ce n’est pas évident commercialement, surtout que je dois pouvoir vivre de cet art. Il faut souvent suivre des critères de modes qui ne me plaisent pas spécialement.

- Trouvez-vous qu’il y a de la solidarité entre artistes

A l’échelle de la Tuilerie oui, nous l’avons créé tous ensemble. Mais ce n’est pas toujours évident. Nous sommes 15 artistes et je trouve que nos 3 manifestations dans l’année c’est beaucoup pour tout le monde. La priorité de chacun est avant tout de gagner sa vie, comme dans tout métier, donc la solidarité passe souvent après cette nécessité.  Il y a aussi un problème de temps, les gens ne donnent plus de leurs tempsaux courants associatifs alors que c’est une action riche.


Cependant, il reste toujours de l’entraide entre nous. Le ferronnier peut être mené à donner un coup de main au marqueteur, le céramiste au peintre etc… Si j’ai un problème de four je peux aller demander de l’aide au céramiste du bas qui viendra m’aider volontiers. Il n’y a pas beaucoup d’endroits comme ici où des artistes de domaines variés travaillent unis.

- Avez-vous déjà été menée à participer à une exposition pour relever des fonds à but caritatif ?

Oui ça m’est déjà arrivé. Nous faisons aussi beaucoup de dons comme à la maison des soins palliatifs où nous faisons quelque fois des expositions. Nous leurs reversons une partie de l’argent gagnée. Je fais également des dons lors de kermesses ou encore au Lions Club.

- Quel serait pour vous le meilleur moyen de renforcer la cohésion des personnes à travers les pratiques artistiques ?

Il faudrait développer encore plus les démarches que nous effectuons déjà. Il faudrait aussi plus de temps pour pouvoir accueillir des groupes. C’est essentiel de faire travailler des sens dans la pratique.

- Je vous remercie Mme Rétif pour votre patience et votre partage. Ce fut très enrichissant !


Avec grand plaisir, merci à vous et à bientôt !

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L'art pour s'entraider
  • Aujourd'hui, dans un contexte de immigration exponentielle, d'inégalités persistantes, de discrimination de minorités, il est l'heure de changer notre mentalité sur la société. Et quoi de mieux que l'art pour parvenir à se serrer les coudes ?
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